recherche organiste pour mariage...

Il y a quelques mois, je suis contacté par Madame de *** , qui cherchait un organiste pour le mariage de son cher fils.
Elle était exigeante sur l’accompagnement des chants mais me laissait carte blanche pour les morceaux d’entrée et de sortie …
dès le début de nos échanges de mails, je lui demandait des infos sur l’orgue de la petite commune de ****.
Renseignement pris, l’orgue était en fait un harmonium.
Je déclare alors forfait, en conseillant de chanter a cappella et d’utiliser de la musique enregistrée pour l’entrée, les signatures et la sortie.



Il y a deux semaines, re-belotte, annonce : cherche organiste pour un mariage à ****.
Là, c’était la future mariée… Très organisée, elle m’envoie tout de suite les partitions des chants, et me demande trois morceaux musicaux précis.
Vivant loin de la commune en question, elle ne peut pas me donner d’infos sur l’instrument avant une bonne semaine,
et me propose de me déplacer pour aller constater par moi-même… (80 km !)
Je préfère attendre les infos et pendant ce temps, nos échanges de mail permettent de tout organiser.
Mais dès le départ, je lui dis bien que c’est sous réserve de l’état de l’instrument.
Des photos arrivent enfin : sans commentaire !





Aussitôt, je réponds qu’un tel engin ne vaut que 30 € dans un dépôt-vente, qu’on ne peut même pas savoir s’il fonctionnera,
et qu’il serait malhonnête de ma part de me faire payer pour ça. (j'imagine la boîte à rythmes qui se déclenche toute seule !! )
Là encore, je conseille de chanter a cappella et d’utiliser de la musique enregistrée pour l’entrée, les signatures et la sortie.
Elle s'accroche en me proposant d’emporter un piano numérique … (pour jouer des morceaux d’orgue !!)

Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est que d’un côté, ces personnes sont exigeantes, organisées, et savent ce qu’elles veulent,
mais de l'autre, elles ne réalisent pas ce qu’est un instrument de musique, et quel est le minimum requis pour obtenir ce qu’elles demandent.

Avez-vous déjà rencontré cette situation ?

effectivement il convient de toujours demander des renseignements précis sur l'instrument! Pour un de mes premiers mariage, la composition de l'orgue m'avait été donnée. Vu le nombre impressionnant de jeux, je me suis bien douté que c'était un numerium. Bon il était de qualité, pas de souci, mais les gens sont incapables de faire le distingo entre un orgue à tuyau, un vrai instrument, et un truc avec haut parleur quoi...

pour mon mariage, j'ai réglé la chose: j'ai choisi l'eglise en fonction de l'orgue, dans un périmètre convenable évidemment. Du coup, ça été à Sizun. Orgue et bombarde au programme... avec la sirène au sommet du clocher qui se met à hurler pendant la sortie hihi oulah mais ça date ça

maintenant pour les instruments electroniques, on peut se renseigner sur l'existence de prise midi pour faire venir un logiciel de simulation; ça peut dépanner à la campagne

Pour ma part, la pire expérience a été pour le mariage d'un copain dans une petite église de la Drôme.
Il y a avait - parait-il - un orgue dans l'église. Sûr de sûr!!! Un vrai avec des tuyaux, sûr de sûr!!!
J'avais cependant de grandes difficultés à en savoir plus... il a donc fallu se déplacer sur place pour voir.

Alors l'église, déjà... en fait, c'était plutôt une grande chapelle... mauvais début. Je rentre quand même.
Ah! effectivement y a un orgue.... un petit orgue de choeur, pas loin de l'autel, mais... il est fermé. Alors, bon, oui, y a des tuyaux, et c'est tout ce que je peux savoir.
On tente de trouver le curé, le curé est pas là. On cherche, mes amis téléphonent, à droite, à gauche, y a bien une dame qui sait tout, qui vient mais ne peut rien faire parce que c'est pas elle qui a la clé de l'orgue.
Bref, au terme de longues péripéties et de millions de coups de fil, on arrive enfin à choper le beau-frère du curé, dont la soeur est l'amie par alliance de la voisine du mec que l'organiste a eu comme maître du temps de... et de fil en aiguille, on finit par choper l'organiste.
Qui vient.
Ouvre le machin.
Met en marche la soufflerie (mon Dieu! un avion!!!)
Ce jeu ? Il marche pas, faut pas l'utiliser. Cui là ? Il corne sur une moitié des tuyaux et l'autre moitié est fausse. Celui-là ? Non il marche pas non plus.
Il reste en tout et pour tout un bourdon (sauf le dernier octave) et une flûte. Et au pédalier, j'oubliais monsieur, faudra jouer en tirasse parce que la soubasse est morte.

Tout ceci se passe à sept jours du mariage...

Finalement, au lieu de partir sur d'hypothétiques choses, toutes plus funestes les unes que les autres, j'ai carrément amené mon piano droit au milieu de l'église pour le mariage, quitte à aménager un soupçon les morceaux joués. Et c'était très bien.

Citation :

Tout ceci se passe à sept jours du mariage...

Faut pas se plaindre : tu aurais pu découvrir tout ça le jour même !

Denis a écrit:

Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est que d’un côté, ces personnes sont exigeantes, organisées, et savent ce qu’elles veulent,
mais de l'autre, elles ne réalisent pas ce qu’est un instrument de musique, et quel est le minimum requis pour obtenir ce qu’elles demandent.

Avez-vous déjà rencontré cette situation ?

Le mauvais exemple vient hélas d'en haut: les théâtres d'opéra n'hésitent pas à faire appel à des instruments électroniques de bas de gamme pour les plus beaux fleurons du répertoire lyrique.

Citation :

Le mauvais exemple vient hélas d'en haut: les théâtres d'opéra n'hésitent pas à faire appel à des instruments électroniques de bas de gamme pour les plus beaux fleurons du répertoire lyrique.

Bonjour Escolore,
vous pouvez préciser, ou donner des exemples ?

Denis a écrit:

Citation :

Tout ceci se passe à sept jours du mariage...

Faut pas se plaindre : tu aurais pu découvrir tout ça le jour même !

ça me fait penser au mariage d'une de mes cousine. Il y a un orgue à tuyaux, sur de sur! et l'organiste de la paroisse jouera les accompagnements de chants, on me demande juste de faire les morceaux entrée-sortie-registres. Jusqu’ici tout à l'air correct.

Le jour du mariage je vais voir le biniou quelques heures avant histoire de... PAM je découvre que l'orgue est en réfection, donc on peut pas jouer dessus, mais y'a un super synthé qui le remplace.
Je me suis retrouvé comme un gland devant un synthé (un clavier, sans pédalier, son pourri) , l'organiste de la paroisse ne s'est jamais pointé et donc j'ai dû tenter de faire les chants à l'oreille faute de trouver les partoches dans le dernier 1/4 d'heure. Autant dire que c'était une grande réussite, je pouvais même pas pester trop fort car y' avait pas de tribune pour me masquer...
Plus jamais ça!

En France, plus aucun orgue à tuyaux n'est utilisé pour les spectacles lyriques, ceux qui n'ont pas été démontés entièrement ou partiellement (Palais Garnier, opéra de Vichy ) ou donnés puis vendus (opéra de Marseille) sont murés ( Rouen, Th. des champs élysées) ou simplement laissés de côté (Toulon).

Lors des représentations télévisées, on voit généralement un pianiste jouant d'un vulgaire clavier électronique (ex.: l'extrait de Tosca à Orange chanté cet été par R. Raimondi).

Oui j'en ai fait un bien drôle quand le moteur de l'orgue venait de lâcher. Il ne restait plus que ce petit harmonium 1 jeu, qui m'a lâché petit à petit, enfin tout ceci est déjà quelque part dans un fil ici. Michel m'accompagnait, c'est lui qui l'avait écrit.

Plus récemment en juin, j'ai joué pour une collègue chanteuse dans une église perdue.
" oui oui y a un orgue, bon moi j'y connais rien" "y a des tuyaux ?" "ah non"…
(je résume)
Pour finalement arriver le jour même sur un toasteur complètement pourri où j'ai mis 1/2h avant de comprendre comment je pouvais me servir des jeux au lieu des combinaisons. Quant au son qui sortait de là… j'ai jamais entendu pire.
On a beaucoup rit (on était 3 musiciens pour l'occasion) et tout le monde a finalement été conquis par notre prestation.

Ah j'oubliais, le ré du milieu était coincé au GO…

darinze a écrit:

Pour ma part, la pire expérience a été pour le mariage d'un copain dans une petite église de la Drôme.
Il y a avait - parait-il - un orgue dans l'église. Sûr de sûr!!! Un vrai avec des tuyaux, sûr de sûr!!!
J'avais cependant de grandes difficultés à en savoir plus... il a donc fallu se déplacer sur place pour voir.

Alors l'église, déjà... en fait, c'était plutôt une grande chapelle... mauvais début. Je rentre quand même.
Ah! effectivement y a un orgue.... un petit orgue de choeur, pas loin de l'autel, mais... il est fermé. Alors, bon, oui, y a des tuyaux, et c'est tout ce que je peux savoir.
On tente de trouver le curé, le curé est pas là. On cherche, mes amis téléphonent, à droite, à gauche, y a bien une dame qui sait tout, qui vient mais ne peut rien faire parce que c'est pas elle qui a la clé de l'orgue.
Bref, au terme de longues péripéties et de millions de coups de fil, on arrive enfin à choper le beau-frère du curé, dont la soeur est l'amie par alliance de la voisine du mec que l'organiste a eu comme maître du temps de... et de fil en aiguille, on finit par choper l'organiste.
Qui vient.
Ouvre le machin.
Met en marche la soufflerie (mon Dieu! un avion!!!)
Ce jeu ? Il marche pas, faut pas l'utiliser. Cui là ? Il corne sur une moitié des tuyaux et l'autre moitié est fausse. Celui-là ? Non il marche pas non plus.
Il reste en tout et pour tout un bourdon (sauf le dernier octave) et une flûte. Et au pédalier, j'oubliais monsieur, faudra jouer en tirasse parce que la soubasse est morte.

Tout ceci se passe à sept jours du mariage...

Finalement, au lieu de partir sur d'hypothétiques choses, toutes plus funestes les unes que les autres, j'ai carrément amené mon piano droit au milieu de l'église pour le mariage, quitte à aménager un soupçon les morceaux joués. Et c'était très bien.

Tout cela me rappelle bien un certain orgue...
"Mais bien sûr il fonctionne, juste une touche coincée il parait".... Résultat 1er octave du récit HS, tirasse et jeux du pédalier qui fonctionnent à moitié, jeux d'anches complètement morts... reste les jeux de fonds remplis de gravier et poussière
Ça doit être sympa pour l'organiste appelé au mariage, qui découvre ça au dernier moment !

Dommage qu'on préfère installer un machin comme sur la photo de Denis, plutôt que de réparer un vrai instrument.

Les organistes sont probablement les musiciens les moins bien lotis !

rzr1911 a écrit:

"Mais bien sûr il fonctionne, juste une touche coincée il parait".... Résultat 1er octave du récit HS, tirasse et jeux du pédalier qui fonctionnent à moitié, jeux d'anches complètement morts... reste les jeux de fonds remplis de gravier et poussière
Dommage qu'on préfère installer un machin comme sur la photo de Denis, plutôt que de réparer un vrai instrument.

Et encore! Vous n'avez pas tout vu! Le pire est devant nous. Du temps de sa splendeur, les monuments historiques avaient un délai entre deux restaurations (pour un orgue historique) de quatre siècles, et comme certains instruments ont la chance de voir le facteur un peu plus souvent, ça veut simplement dire que des ruines classées monument historique à l'abandon, c'est pas ça qui manque! Notre ministre de la culture vient d'annoncer la couleur... qui n'est pas celle de l'argent. On taille, on taille. Les binious numériques ont encore de beaux jours devant eux.

Il semble clair que la recherche d'un organiste par la famille suppose que le lieu de culte en est dépourvu.
Il y a alors de très fortes chances pour que le ou les instruments du lieu soi(en)t hors d'état.
En effet si l'instrument est en état, c'est que son organiste veille à le faire entretenir et c'est lui - ou ses suppléants - qui assure(nt) le service musical.

La première question que je pose en pareil cas, c'est:
N'y a-t-il pas un organiste sur place? Pourquoi ne pas faire appel à lui?

escolore a écrit:

En effet si l'instrument est en état, c'est que son organiste veille à le faire entretenir et c'est lui qui assure le service musical.

Il y a des paroisses possédant un orgue, et aussi un organiste qui assure le service. Mais quand l'organiste dit "il faudrait faire l'entretien" on lui répond "no money" ou "pay it yourself".
Je me bats pour l'entretien de celui dont je suis titulaire, les souffleries sont à remettre en peau, mais c'est pas acquis, même avec un "tarif direct usine".

escolore a écrit:

La première question que je pose en pareil cas, c'est:
N'y a-t-il pas un organiste sur place? Pourquoi ne pas faire appel à lui?

Parce que la mode des mariages en ce moment c'est le "participatif familial-amical". Untel s'occupe de faire et imprimer les menus ou les livrets, untel les fleurs, l'autre aide à décorer la salle, on demande la voiture de tonton Albert, et Julien qui a un super Canon EOS 10 va nous faire les photos de mariage. Donc si une connaissance fait de l'orgue, il est considéré comme normal de lui faire honneur de lui demander de jouer (ce qui évite d'avoir à contacter l'organiste de la paroisse, c'est compliqué, déjà qu'il a fallu contacter le curé...on aurait l'impression de déranger et puis peut être qu'il voudra pas jouer du Segara), tout cela bien sûr quand on n'a pas des amis en plus qui jouent vaguement de la flûte ou de la guitare pour aider à accompagner également.

On peut voir le problème sous deux aspects:
Le premier: si il y a un organiste titulaire officiel, c'est lui qui joue, point.
Et là, on rejoint la remarque fort juste précédente:

Citation :

Un vieil organiste de 90 ans en interdisait l'accès...

Le second: quelquesoit la présence ou non d'un organiste, je viens, je m'installe et je joue, je suis chez moi.
Surtout quand vous êtes du niveau "chorals de Bach" et que l'organiste titulaire est un élève doué de Rolande Falcinelli. On risque d'entendre glousser derrière l'orgue.

Alors moi j'ai pris un parti intermédiaire. Partant du principe que ce n'est pas mon mariage, s'ils ont un organiste qui veut jouer, il vient et il joue. Je suis présent à ses côtés pour éviter toute mauvaise surprise, genre gamins qui tripotent tout... Et je comble les trous qu'il ne bouche pas, accompagnements ou autres.
Je leur demande toujours s'ils ont des amis ou famille qui sont musiciens et qui pourraient jouer pour l'occasion (unique) de leur mariage. On arrive ainsi à monter des duos ou des trios sympas. (le dernier: orgue- Saxo- Cor avec une adaptation de l'andante en Fa de Lefébrile-velu). J'ai aussi la tante Carmen qui chante "Laver Maria", et qui mange deux temps à chaque phrase tellement elle a faim pendant sa lessive. Mais ce n'est pas MON mariage, alors ce sont les mariés qui décident, même si les choix sont quelquefois étranges. Et ça se passe toujours bien.