Une histoire quasiment limpide pour cet instrument de Merklin construit en 1888 pour une cathédrale qui n'en est plus une.
Au XIX° siècle, un riche industriel ayant fait fortune en afrique du nord revient sur ses terres de provence. Il a de l'argent et décide d'en faire profiter sa ville (Sisteron). Il fournira les crédits pour un hopital et plusieurs autres lieux, et pour le dimanche offrira un orgue à l'église paroissiale. Une plaque apposée au centre du buffet permet d'éviter de croire que l'orgue est venu tout-seul offert par un élu généreux aux frais des contribuables.
C'est un orgue choisi sur catalogue mais le buffet (8' en montre) a été soigneusement décoré et sculpté et force encore l'admiration. C'est le modèle du catalogue, mais ont été rajoutées deux tourelles latérales supplémentaires.
La partie instrumentale est typique de Merklin qui suivait les canons classiques français hérités de Ducroquet, à savoir un clavier de GO pilier de l'instrument et un clavier de récit plus subalterne. La pédale emprunte ses jeux au GO, avec un sommier à gravures alternées et des chapes à clapets.
La composition d'origine est probablement celle-ci (elle a été modifiée, comme bien souvent):
Grand-orgue:Bourdon 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Salicional 8'
Prestant 4'
Euphône 16'
Trompette harmonique 8'
Clairon 4'
Récit expressif:Bourdon 8'
Flûte harmonique 8'
Gambe 8'
Voix céleste 8'
Flûte octaviante 4'
Basson-Hautbois 8'
(Trémolo)
Pédale:Soubasse 16' (bourdon 16' du GO)
Basse 8' (montre 8' du GO)
Violoncelle 8' (salicional 8' du GO)
Comme on le préssent: c'est une pompe à cantiques, son role est clairement défini comme tel.
Inconvénient de cette composition, elle ne pourra pas franchir la période néo-classique sans dommages.
Il ne m'appartient pas de juger ces modifs car dans tous les cas, elles ont été le fruit d'un accord entre les clients et les facteurs d'orgues. Elles sont faites et personnellement je ne les aurais pas soutenues. Mais ça ce sont mes goûts de maintenant, pas ceux des gens de l'époque et peut-être avaient-ils raison?
Au GO: Le prestant prend la place du salicional qui disparaît. Une doublette prend la place du prestant. L'Euphône 16' est remplacé par un plein-jeu. Le récit est inchangé. Conséquence sur la pédale: Soubasse, Basse, prestant.
Rien de bien dramatique donc, l'harmonisation n'a pas été irrémédiablement touchée, malgré des tentatives d'effacement des dents de biseaux hyperclassiques. (C'était une allergie pour les harmonistes de l'époque... et même encore maintenant pour certains!)
L'ensemble sonne fort et clair dans cette église moyenne, le son porte bien et partout. Comme de bien entendu le plein-jeu ne va avec rien, il est joli, mais hors-sujet.
L'ensemble est bien sûr mécanique, sans assistance, avec console retournée. Le buffet étant très grand, il y a de la place à l'intérieur et l'allée derrière le grand-orgue est généreuse (80 cms). Le récit possède un abrégé (en fer comme les autres) mais disposé horizontalement sous le sommier, qui est tourné de 90° par rapport à l'instrument: basses à l'arrière et dessus vers la façade, alors que le GO est diatonique, les jeux parallèles à la façade.