Précisons les choses d'entrée de jeu : en matière audio je suis à classer dans la catégorie grand malade !
A force de traîner sur les forums d'orgue, d'informatique, de home cinéma, d'audio, je me suis demandé un jour si au lieu d'utiliser une carte son pour relier l'orgue virtuel au système de reproduction sonore (ampli + einceintes, casque...) on ne pouvait pas utiliser un DAC.
En fait, carte son et DAC sont des produits comparables dans leur finalité, car ce sont tous les deux des traits d'union entre les deux mondes de l'informatique et de l'audio. Il s'agit simplement d'une approche différente dans les deux cas. La carte son est issue du domaine informatique, où le maître mot est la latence. Le DAC est un produit audio, où l'on se focalise surtout sur le jitter. La carte son est capable de gérer une multitude d'entrées et de sorties numériques et/ou analogiques, permet de générer un certain nombre d'effets (DSP) par l'intermédiaire de la carte même, ou du ou des logiciels fourni(s) avec. Le DAC ne dispose que de sorties analogiques, fonctionne en stéréo uniquement, et se contente de convertir un signal numérique en signal analogique.
On pourrait donc penser que non seulement le DAC n'est pas vraiment adapté, puisqu'il sert la plupart du temps à convertir une musique compressée sous iTunes ou diffusée en streaming, mais qu'en plus ses fonctionnalités limitées réduisent son intérêt. Alors, pourquoi sy' intéresser ?
En fait il s'agit d'une solution potentiellement intéressante à deux niveaux :
- du fait de son utilisation plus ciblée, la conception du DAC permet de s'affranchir de fonctionnalités souvent superflues. Ce qui a un double avantage : à qualité égale, le prix du DAC est inférieur à celui de la carte son. De même, l'architecture intérieure étant moins complexe, on peut en espérer une meilleure qualité du traitement.
- contrairement à la plupart des cartes son, les DAC disposent de leur propre horloge interne. Celle-ci étant optimisée pour le traitement du signal audio, elle peut être considérée comme plus performante que celle des ordinateurs qui les utilisent pour d'autres applications que la seule conversion audio.
Restait donc à régler la question de la latence. N'ayant pu trouver aucune information sur le net, je me suis donc lancé, avec un premier DAC à prix relativement modeste : le Cambridge Audio DAC Magic 100.
La bonne surprise est venue de suite : alors que Reaper donnait une latence de 11/11 ms pour mon ancienne carte Motu Ultralite MkIII Hybrid, le Cambridge Audio a été mesuré avec une valeur légèrement inférieure à 10/11 ms (avec un réglage à 512 spls).
Mais ce n'était pas tout. A l'écoute, le DAC permettait un son plus propre dans le grave (on passe insensiblement de la notion de bruit à celle de son) et une plus grande clarté dans les médiums: les registres sont mieux définis notamment au niveau du positif. C'est d'autant plus appréciable qu'en termes tarifaires, le Cambridge Audio se situe aux 2/3 du prix habituellement constaté pour le Motu. Je ne vous dirai pas à quel prix je l'ai touché à Dubai, c'est indécent...
C'était donc bien, mais pas encore satisfaisant (quand je vous disais que je suis un grand malade
). J'avais en effet un problème de compatibilité avec Arc 2, solution logicielle permettant de corriger l'acoustique de ma pièce.
Je suis donc repassé un moment du côté des cartes son, en m'intéressant de plus près de la Apogee Duet, qui passe pour l'un des meilleurs modèles disponibles pour Mac. Avec d'ailleurs un prix inférieur à celui de la Motu, car cette carte n'est que stéréo. Le résultat était meilleur effectivement qu'avec la Motu, mais me laissait une certaine amertume par rapport au Cambridge...
Retour au DAC. J'ai décidé d'être raisonnable dans mon délire (on peut y mettre des milliers d'euros...) et ai jeté mon dévolu sur un modèle de moyen de gamme, qui soit en rapport avec le reste de mon installation. J'ai donc choisi après écoute en auditorium le PS Audio Nuwave DAC.
Re-bonne nouvelle pour la latence, la valeur est exactement la même que pour le Cambridge Audio. Il semblerait donc que la latence ne soit pas un problème pour les DACs (à prendre avec des pincettes, n'ayant pu essayer que deux modèles). J'ai pu régler le problème de compatibilité avec Arc 2. C'était un problème de synchronisation d'horloge tout simplement.
Mesures sous Arc 2, essai sur les enceintes. Le résultat est encore meilleur. J'ai le sentiment que l'image sonore gagne en aération. Pourtant, le placement à grande distance de mes panneaux électrostatiques n'aide pas à avoir une image stéréo correcte habituellement.
Une comparaison au casque, où la correction logicielle ne s'applique pas, confirme ces impressions. Il est d'ailleurs intéressant de constater que d'une banque de sons à l'autre, les gains ne sont pas les mêmes. Alors que je perçois relativement peu d'amélioration sur des instruments signés MDA (qui sont excellents à la base), la différence peut être sensible pour les banques griffées Sonus Paradisi ou Organ Art Media.
Les puristes ont le droit d'être sceptiques, car mes essais ne sont pas fait en ABX; comme de plus je ne suis pas vraiment partisan des branchements / rebranchements à chaud, il se passe un certain temps entre deux tests : la mémoire auditive étant ce qu'elle est, on peut arguer que je ne suis pas pleinement objectif dans mes comparaisons. Je pense néanmoins avoir une oreille relativement exercée, et une certaine rigueur dans mon approche. Mon impression mitigée de la Duet montre que je sais garder un certain niveau critique...
A ce stade, il me semble intéressant de tirer quelques conclusions de ces expériences :
1. La solution DAC fonctionne. Non seulement la latence est plus qu'acceptable, mais le résultat au niveau du rendu audio la place à mon humble avis devant les cartes sonores. A tempérer ceci étant en tenant compte du fait que j'utilise un Mac. Je n'ai aucune idée du résultat sur un PC.
2. Il ne s'agit pas d'une solution universelle. Totalement inapplicable pour les installations en surround (je n'ai encore jamais vu de DAC multicanaux), elle impose des solutions tierces pour ceux qui ont besoin d'un système de convolution par exemple.
3. Hauptwerk (que j'ai utilisé pour ces expériences) montre un potentiel d'évolution sonore très important : chaque optimisation de la chaîne audio permet un gain au niveau de la qualité du rendu final. Pour information, les banques de son sont chargées en 24 bits à 48 kHz, sauf cas spécifiques où la taille relativement limitée de la RAM installée sur mon Mini impose une résolution dégradée.
4. Il s'agit d'une solution économique. A niveau de performances égales, le DAC sera moins cher. Pour les budgets serrés, c'est même une solution qui permet de bâtir une configuration performante encore plus économique. Certain forums audio recommandent ainsi l'Audiophonics U-Sabre Mini USB DAC, qui est proposé au prix d'environ... 50 €