Attention toutefois, plein-jeu et mutations ne sont pas foncièrement assimilables, car ils ne sont pas conçus sur le même principe.
Les mutations, y compris les mutations composées (plusieurs tuyaux par note) sont là pour développer les harmoniques naturelles d'un jeu qui joue avec. Ainsi, on peut renforcer une trompette avec un cornet.
Les mixtures du plein-jeu sont basées sur un autre phénomène qui sont les résultantes graves. Pour cela, exit les septièmes et autres neuvièmes, de même que les tierces, on verra pourquoi de temps en temps on en laisse une.
On utilise donc des octaves et des quintes naturelles. On va grouper ces rangs par deux, une octave et sa quinte la plus proche (et non pas sa quinte harmonique, qui est une octave plus haut).
Pour une fondamentale de 2', la quinte fait 1'1/3. Les deux ensemble vont créer un battement rapide, qui se produit quand les deux tuyaux sont synchrones, soit une fois sur trois. Dans notre exemple, le battement se produit à la hauteur d'une note de 4' soit une octave en dessous de la fondamentale. C'est le principe de la basse acoustique, qu'on utilise grandement pour générer des notes de 32' quand on a pas la place.
Ce principe de base des plein-jeux peut se concevoir "inversé" soit avec une quinte 1'1/3 et une fondamentale de 1', mais le résultat est moins bon.
Ensuite, pour donner du volume, on duplique la chose à l'octave aigüe, puis l'autre.... On peut ainsi trouver un plein-jeu (sans doublures de rangs) qui, dans les dessus fera
16-10'2/3-8-5'1/3-4-2'2/3-2-1'1/3 soit huit rangs!
Comme dans le bas on démarre avec des rangs aigus (2' ou 1' pour les plus bas et courants), on arrive assez vite à "un plafond" qui est la limite raisonnable des petits tuyaux, en général 1/12 ou 1/16 ou 1/24 pour les plus aigüs (tuyau de 6mm de long!), donc on coulisse tout l'ensemble d'un rang (la reprise en demi-recoupe) les fondamentales deviennent quinte et les quintes deviennent fondamentales (il n'est pas question de dire que le do devient sol, parce-que sur une note DO du clavier, il n'y a pas de tuyau de SOL, mais un sol naturel, soit une quinte naturelle de DO.) D'une façon plus abrupte, on peut tout coulisser de deux rangs, et le plein-jeu reprend tout simplement à l'octave inférieure (la reprise en recoupe)
On est donc bien loin des mutations et leur cortège d'harmoniques sujet du fil. Pourtant on utilise quelquefois la tierce dans la cymbale pour lui donner un peu de corps et de chaleur, mais le résultat n'est pas probant en polyphonie verticale comme la musique du XIX° siècle, qui peut très bien se passer de mixtures, mais pas de mutations.