Un orgue hispanique à Montpellier

L'église des Saints-François, sise à Montpellier, a été reconstruite en 1995.

L’orgue de l’ancienne église n’a pu être réutilisé, compte tenu de son état et de l’architecture de la nouvelle église. Un groupe de paroissiens, soutenu par Frédéric Muñoz, titulaire de l’orgue de St Guilhem-le-Désert, et le Père Christian Doumairon, curé de la Paroisse, s’est donc lancé dans un vaste projet de construction d'un nouvel orgue pour l'église, autour de trois objectifs : cultuels, culturels et pédagogiques. Comme il n’existait pas sur Montpellier et le Languedoc d’orgue ibérique, le choix s’est porté sur ce type d’instrument.

Le projet qui a été retenu propose un premier plan sonore typiquement espagnol du XVIIIème siècle, avec registres coupés en basses et dessus et une composition typique de cette époque avec présence de jeux en chamade. Pour augmenter les possibilités musicales de l’instrument, il est proposé un second clavier également coupé en basses et dessus, comprenant une synthèse de flûtes et une anche, qui pourront se mêler ou s’opposer au clavier principal. Enfin, la Pédale, aujourd'hui en tirasse permanente avec le grand-orgue, disposera dans un futur proche d'un jeu de 16 pieds qui lui sera propre.

Selon ses concepteurs, "toute la littérature d’orgue pourra y être jouée, avec une prédilection pour la musique ancienne en général et ibérique et flamande en particulier. La musique contemporaine pourra y trouver sa place, seule la littérature symphonique du XIX ème siècle sera moins bien servie par cette esthétique. Mais il existe de nombreux instruments sur Montpellier répondant à cet objectif."

L’orgue a été construit dans l’atelier des frères Desmottes implantés en Espagne à Landete, près de Valencia.
Il a été installé fin novembre 2011 dans l'église.
Un concert de musique, donné par un ensemble orchestral, a marqué cet événement le 11 décembre. A l'entracte, Monsieur Muñoz a servi une improvisation visant à faire entendre les différents registres de l'instrument.
L'inauguration proprement dite, avec concert à la clé, est prévue au printemps prochain.



Composition:

I...Cadireta interior (Positif intérieur)(C-D – d5) en demi-registres, coupure C3/C#3
Violòn 8 (Bourdon 8)
Tapadillo 4 (Flûte à cheminée 4)
Quincena 2 (Doublette 2)
Decinovena 1 1/3 (Larigot 1 1/3)
Diecisetena 1 3/5 (Tierce 1 3/5)
Orlos 8 (Voix humaine 8)
Corneta III hileros (Dessus de Cornet en écho 3 rangs)

II...Organo mayor (Grand Orgue)(C-D – d5) en demi-registres, coupure C3 /C#3
Flautado 13 (Montre 8)
Violòn con chimenea 8 (Bourdon à cheminée 8)
Octava 4 (Prestant 4)
Docena 2 2/3 (Quinte 2 2/3)
Quincena 2 (Doublette 2)
Lleno V hilos (Plein-Jeu 5 rangs)
Cimbalet III hileros (Cymbale-Tierce 3 rangs)
Nasardo 12° 2 2/3 (Nasard 2 2/3)
Nasardo 15° 2 (Quarte de Nasard 2)
Nasardo 17° 1 3/5 (Tierce 1 3/5)
Corneta VII hileros (Dessus de Cornet 7 rangs)
Trompeta real 8 (Trompette intérieure 8)
Bajoncillo 4 (Basse de Clairon en Chamade 4)
Clarin 8 (Dessus de Trompette en Chamade 8)
Dulzaina 8 (Régale 8 en Chamade)

P...Pedale (C – F3)
Contras 16 (Soubasse 16, jeu en attente )


Divers
Tremblant doux dans le vent
A = 440 Hz
Tirasse II/ Permanente
Tempérament XVIII° espagnol : 2 tierces pures : do-mi, sol-si
Accouplement II/I à tirant



Photos: (avec l'aimable autorisation de F Muñoz)

l'orgue en construction


vue générale dans l'église des Saints-François


vue rapprochée


les deux jeux en chamades : les trompettes au-dessus, la régale (dulziana) au dessous

darinze a écrit:

Selon ses concepteurs, "toute la littérature d’orgue pourra y être jouée

On met ça au tribunal et on touche de suite le pactole pour tromperie: Il n'y a pas de premier C# et les claviers font 50 notes!

Il aurait été plus honnête de dire simplement:

Citation :

"toute la littérature d’orgue ancienne en général et ibérique et flamande en particulier pourra y être jouée. La musique contemporaine ne pourra pas y trouver sa place, tout comme la littérature symphonique du XIX ème siècle y compris celle de Jean Sébastien Bach."

Depuis Montpellier, suivre l'autoroute direction "España", sitôt passé la frontière, vous avez plein d'instruments de la sorte, qui sont historiques et souvent à l'abandon.

C'est un orgue moderne, il est tout neuf !!!

(OK, je sors ...)

DGW a écrit:

C'est un orgue moderne, il est tout neuf !!!

(OK, je sors ...)

On se retrouve à la buvette, il reste au moins ça.

On peut se réjouir que l'orgue ait été préféré à un truc électronique.

Après d'un point de vue instrumental, je suis épaté par le faible nombre de fonds de 8 pieds (3 au total sur 23) . ça doit pas être pratique pour accompagner le culte non? y'a quasiment que des mutations .
Difficile effectivement d'y jouer "toute" la littérature de l'orgue. Mais je ne connais rien de l'orgue espagnol.

Non, c'est très bien, cet instrument, les frères Desmottes sont des spécialistes. Certainement mieux qu'un numerdium, c'est sûr.
Je n'ai rien contre les clones mais c'est toujours regrettable qu'on ne les fasse pas monter au moins au MI. Alors, pourquoi un pédalier? Quand l'orgue Espagnol en avait un, c'était "à l'Italienne": 1 octave en tirasse fixe!
Notre ami "Frédo les doigts de fée" a encore fait fort, là! En fait, ça lui fera un orgue à sa pointure à deux pas de sa pharmacie.

rhoooooo les grincheux

Moi, ce qui me plaît le plus, c'est la Cymbale-Tierce

J'arrive pas à savoir si c'est ironique ou pas

Le coup de la Cymbale-Tierce ne l'est pas, j'adore ce jeu.

Hors-sujet: DGW, de quelle BD est tiré votre avatar svp ?

Citation :

Depuis Montpellier, suivre l'autoroute direction "España", sitôt passé la frontière, vous avez plein d'instruments de la sorte, qui sont historiques et souvent à l'abandon.

Certes.
Mais le trajet est un poil long pour les écoles d'orgue et pour le culte... surtout au niveau Perthus où ça coince souvent à partir du Boulou.
Sinon y a aussi le Convention Hall d'Atlantic City, qui permet de tout jouer (enfin, quand il marche) ou, plus proche, le Wanamaker. Mais problème: ils ne prennent ni les élèves ni les euro.


(je plaisante bien entendu, Mister Richaud)

darinze a écrit:

Hors-sujet: DGW, de quelle BD est tiré votre avatar svp ?

Soeur Marie-Thérèse des Batignoles ...

darinze, on dirait que tu viens de lancer un nouveau jeu :

parle-moi de l'orgue que tu connais, auquel tu as accès, auquel tu es peut-être attaché,
et je te dirai pourquoi il est pas bien du tout !!

( ok, en théorie, il a des défauts, mais il sonne peut-être pas mal, finalement...
faudrait pouvoir entendre un enregistrement ... )

Il ne s'agit pas de juger l'instrument en lui même, qui est dans son genre très certainement une réussite.
L'idée d'avoir un orgue comme en Espagne au XVIII° siècle, c'est effectivement pédagogique, et ça limite les distances pour aller en écouter un vrai. On se contente d'un pastiche.
Mais ce que je reproche c'est la malhonnêteté de la présentation qui le présente comme un orgue polyvalent, sur lequel on peut même jouer la musique du XX° siècle! J'imagine bien du Escaïch là-dessus!

Relisez mon topic, je ne vais pas faire de redite.

Et puis pour accompagner les cantiques, en les transposant un demi-ton en dessous, hilarité générale assurée!
Ne pas oublier que la littérature d'orgue hispanique du XVIII° siècle, ce sont des accords de DO et des accords de SOL. Pas de risque d'oublier un double bémol dans une mesure!

Oui, oui, M Richaud, j'ai bien lu et bien compris vos remarques instructive et judicieuses.

Je voulais juste "défendre" un peu mon ami à distance "darinze"
qui a fait l'effort de créer un sujet et d'y poster quelques photos détaillées d'un instrument près de chez lui.

Car j'essayais de me mettre à sa place et de voir l'orgue de chez moi "descendu" par des spécialistes ...
( même si toutes ces critiques sont méritées, cela ne fait aucun doute.)
vous savez, l'orgue qui a bercé mes oreilles pendant les messes auxquelles on m'obligeait d'assister étant gamin,
l'orgue qui m'a procuré mes premiers frissons acoustiques,
celui qui m'a donné envie d'apprendre, qui a suscité ma passion musicale ...
celui dont les odeurs, les craquements, les défauts sont imprimés à vie dans mon cerveau...

je suis sûr que vous me comprenez !

Denis a écrit:

Je voulais juste "défendre" un peu mon ami à distance "darinze"
qui a fait l'effort de créer un sujet et d'y poster quelques photos détaillées d'un instrument près de chez lui.

Louable intention pour une action que l'on voudrait voir plus souvent!

Le pire quand on crée un sujet, c'est de le voir avec réponses=0. Le mépris de la discussion, donc du contact est la plus mauvaise réponse à faire à un sujet.

Pour cet orgue, les oeuvres que l'on peut y jouer sont intéressantes dans le sens où elles ne présentent souvent que peu de difficultés techniques, pas de modulations chromatiques à la Vierne, pas de virtuosité d'enfer comme Demmessieux ou Falcinelli, pas de pédalier ou seulement une ou deux notes... Un bonheur pour apprendre, sans en abuser parce-que l'intégrale de Arauxo, ou de Cabeson, c'est pas forcément aphrodisiaque.

PFFFFFFFF....

Richaud, je vous suggère de faire l'effort d'écouter ceci jusqu'au bout:

https://www.youtube.com/watch?v=2WUWddP7UfM&feature=share

Ne pas oublier non plus: les organistes ibériques du 18ème siècle improvisaient beaucoup.
Il n'y a souvent même pas de place pour une partition à la console.

Le matériel de base ne leur manquait pas....Exemple:

https://www.youtube.com/watch?v=iaQ4yMya2Mc&feature=related

Ne pas oublier non plus: qui a inventé les layes multiples, l'expression, les entailles d'accord,
les pédales de combinaisons ?

Gagné: l'Espagne (J. Bosch et/ou un de ses prédécesseurs, pour l'expression dès le 17ème siècle...)

Merci, Pierre pour le conseil d'écouter jusqu'au bout la première vidéo. (La batalla en UT) Effectivement les dernières notes modulent...avec une chamade qui part aux fraises.



Pour la musique vocale (qui est très belle soit dit en passant) le problème de tempérament ne se pose évidemment pas, un choriste étant capable de monter ou descendre une note pour se caler au schisma près. Les polyphonies Sardes ou Corses sont très démonstratrices là-dessus.

Ce n'est pas cet orgue qui me fait bondir, c'est de dire qu'on peut presque tout y jouer, sauf le XIX° siècle.

Et il y a une sacré nuance entre ceci

https://youtu.be/rMYuZhajGyQ

et celà:

https://youtu.be/q9cxDPC5cTc

Surtout au niveau du nombre d'heures de travail à fournir. (et là pour le coup on peut faire Pfffff!)

Je crois qu'encore une fois, nous sommes tous d'accord mais mettons nos priorités à des endroits différents.

Cet orgue est certainement réussi, pourquoi en douter ? mais pourquoi se limiter à 50 notes (entre autres) ?

F. Munoz étant maintenant forumiste, il nous en dira peut-être quelques mots (j'espère)...

D'ailleurs, son inscription n'est sûrement pas étrangère à ce sujet...

Yves Carall a écrit:

D'ailleurs, son inscription n'est sûrement pas étrangère à ce sujet...

J'imagine que oui.

Je lui avais en effet auparavant demandé la permission de publier ce reportage en livrant les informations et quelques photos qu'il m'avait passées.
J'étais tout heureux à l'idée de créer ce sujet, je l'ai fait, tout fier, le lui ai dit et là, blam. J'ai pris les premières remarques en pleine poire comme une douche glacée.

Autant les remarques de M. Richaud sont argumentées, autant d'autres attaques plus personnelles et plus gratuites m'ont effectivement un peu blessé pour lui, mais bon... c'est fait, c'est fait, hein. Chacun a le droit de s'exprimer et c'est pour cela que ce forum s'appelle "orgue libre".

(ps) Je pense qu'il est inutile d'épiloguer davantage sur ce sujet et de réserver le topic à l'orgue hispanico-français pour lequel il a été créé

darinze a écrit:

(ps) Je pense qu'il est inutile d'épiloguer davantage sur ce sujet et de réserver le topic à l'orgue hispanico-français pour lequel il a été créé

Excellente idée, oui. SVP