Ancien orgue de Saint-Eustache

Je trouve cette réponse bien édulcorée et très favorable à l'entreprise Dunand. En fait il faut décortiquer les orgues qui ont été faits par Dunand SA et qui fonctionnent pour comprendre que GAP a coûté environ trois fois le prix d'un orgue ordinaire, et que même s'il est doté d'une mécanique sophistiquée et efficace, il n'en est pas moins chargé de défauts impardonnables. L'orgue de la salle Molière n'a jamais tenu le réglage mécanique plus d'un mois ce qui, là aussi et malgré un budget conséquent n'est pas sans rappeler les énormes lacunes techniques de l'équipe. Dans les instruments de Dunand SA qui fonctionnent correctement, on peut citer Rouvres en plaine (vers Dijon) qui est un GAP à l'échelle 1/2 au niveau du buffet. Equipé d'une transmission électrique avec console mobile, il comprend des centaines de transistors pour tout faire fonctionner. Là aussi, malgré un budget plus que correct, Dunand n'a jamais réussi à faire fonctionner les moteurs de boîte expressive qu'il avait lui-même prévu. Je passe pour routine ordinaire le fait que les cartes électroniques, montées à l'horizontale et sans protection sont des pistes de danse pour rongeurs, qui, dès qu'ils urinent créent des clusters bien amusants. Autre instrument significatif: Saint Victor de Marseille, avec un système de tirage de jeux super sophistiqué à moteurs synchrones, ici en 24 volts mais aussi dans d'autres instruments en 110 volts... Dommage que les jeux ne tirent pas toujours, sinon on y aurait cru. Dunand était coutumier des usines à gaz, avec peu de résultats probants. Pensez qu'à Saint Eustache, il était prévu une centaine de servo-moteurs pour ouvrir les jalousies de boîte expressive, qu'une alimentation électrique de plus de 300 ampères, régulée par des rangées entières de transistors sur d'immenses radiateurs (environ 3 kW de perte en permanence pour chauffer le buffet) était chargée de fournir l'énergie à la bête... On comprend mieux pourquoi l'orgue de St Eustache n'aurait jamais fonctionné correctement. Une fois le budget dévoré, les rallonges de budget évaporées, la messe était dite.

Toulousaing a écrit:

je pense aussi la salle Molière à Lyon, dont l'orgue croupit muet suite à un désaccord avec un organiste local bien connu.
Surprenante "omerta"...

Pas tout à fait. L'orgue n'ayant pas été réceptionné car ne donnant pas satisfaction, il est resté en standby, la ville ne voulant pas rajouter une énième rallonge de budget. Dunand SA a disparu pendant ce temps. La ville de Lyon a demandé à Christian MARCEL, facteur d'orgue de l'entreprise qui s'était installé à son compte de "faire en sorte que l'orgue fonctionne bien". Nous avons donc alors proposé de l'équiper d'une transmission moderne et d'une traction électrique qui aurait supporté les variations d'humidité. La ville était d'accord, mais Jean DUNAND, ré-établi en nom propre comme facteur d'orgues à brandi la menace d'une action en justice au nom de la jurisprudence Koenig (la propriété intellectuelle). Il était hors de question pour la municipalité, échaudée, de traiter avec JD, le projet de faire fonctionner la salle Molière est donc passé aux oubliettes.

Voici la composition (partielle) de l'orgue Dunand, retrouvée dans mes papiers et copiée à partir des panneaux installés dans l'église lors des travaux de construction. Sans doute avec quelques erreurs.

1° CLAVIER : POSITIF
Quintaton 16, montre 8, salicional 8, flûte harmonique 8, bourdon 8, prestant 4, flûte 4, nazard 2 2/3, doublette 2, quarte 2, tierce 1 3/5, septième 1 1/7, larigot 1 1/3, picolo 1, fourniture IV, cymbale III, cromorne 8, trompette 8, clairon 4.

2e CLAVIER : GRAND-ORGUE
Montre 32, montre 16, montre 8, bourdon 8, flûte conique-chamade 8, grand nazard 5 1/3, prestant 4, flûte conique en bois 4, grande tierce 3 1/5, doublette 2, tierce 1 3/5, grande fourniture II, fourniture III, petite fourniture V, cymbale III, sesquialtera II, grand cornet V, bombarde 16, 1e trompette 8, 2e trompette 8, clairon 4.

3e CLAVIER : RECIT EXPRESSIF
Gambe 16, principal, 8, bourdon 8, gambe 8, voix céleste 8, prestant 4, salicet 4, quinte 2 2/3, octave 2, plein-jeu III-VI, cymbale III, contre-basson 16, bombarde 16, basson-hautbois 8, trompette harmonique 8, clairon harmonique 4.

4° CLAVIER : ECHO EXPRESSIF
Bourdon 8, flûte à cheminée 4, quintaton 4, nachthorn 2, quinte 1 1/3, acuta III, alicot III, ranquette 16, voix humaine 8, cor de basset 8, chalumeau 4, chamade 8-8, chamade 8-32, chamade 4-16.

5° CLAVIER : SOLO
Bourdon 16, flûte harmonique, 8, montre 8, voix humaine 8, octave 4, principal italien 4, nazard harmonique 2 2/3, octavin 2, tierce harmonique 1 3/5, picolo harmonique 1, 1° ripieno, 2° ripieno, quintaltera 3 1/5 – 2 2/7, regale 16, clarinette 8.

PEDALIER
Principal 32, principal 16, violoncelle en bois 16, flûte en bois 16, quinte en bois 10 2/3, principal 8, flûte en bois 8, tierce 6 2/5, quinte 4 1/3, septième 4 4/7,  flûte en bois 4, choral-basse 4, flûte évasée 2, mixture III, mixture III, bombarde en bois 32, bombarde en bois 16, basson 16, trompette 8, basson 8, clairon 4.

Une console de tribune avec transmission mécanique.
Une console de nef avec transmission électrique.

Richaud a écrit:

GAP a coûté environ trois fois le prix d'un orgue ordinaire, et que même s'il est doté d'une mécanique sophistiquée et efficace, il n'en est pas moins chargé de défauts impardonnables.

Qu'est-ce qu'un orgue "ordinaire?
La question St Eustache portait justement sur cette mécanique "sophistiquée et efficace". Merci d'avoir ainsi confirmé mon précédent post.
Quels sont les défauts "impardonnables" auxquels vous faites allusion?