Comme dit le cantique "dans la nuit pleine de mystères..."
Si vous faites un tour sur le site des amis de l'orgue de notre Dame de Chatou, vous en trouverez plein...des mystères. Vous verrez de belles photos de la console à 3 claviers, une composition à 4 claviers et arrivés sur place, vous constaterez que la clarinette en chamade à été déposée, laissant une belle place vide.
Julien s'en est inquiété (sur le guest book). Alors comme c'est moi qui suis derrière tout çà, je suis obligé d'avouer tout ou presque.
En premier: l'orgue a été construit par JD Ayer dans le buffet ancien quelque peu remanié. Il était prévu au cahier des charges que la transmission serait électrique, avec (grande mode de l'époque) un système proportionnel, "reproduisant le mouvement de la soupape tirée mécaniquement". Syncordia (Canada) avait étudié un système dans ce sens, avec comme grande joie de pouvoir réaliser une transmission électrique aussi mauvaise qu'une traction mécanique.
Le résultat ne s'est pas fait attendre mais les clients... Si.
Le brevet du système de l'ex-société Syncordia a été repris pas la société italienne Eltec (Mr Galiasso) et JD Ayer s'est engouffré dans ce qui allait être la trouvaille du siècle.
Donc Chatou aurait dû bénéficier de ce système "génial". N'étant pas convaincu du bien fondé de vouloir imiter une traction mécanique avec un système électrique, je n'ai pas répondu à cet appel d'offres.
L'instrument fut donc réalisé avec des sommiers à registres, la console avec des capteurs Hall...mais de traction proportionnelle... Point. Le budget était déjà tari, avant que la traite ne fut finie. L'orgue a donc été équipé d'une transmission Eltec simple, faute de mieux.
La tuyauterie (ancienne et neuve) a été réalisée en suisse et a été harmonisée par Jean David.
La composition, qui se veut résolument moderne (?) est la suivante:
Pédale: une flûte ouverte 16' de 68 notes, une bombarde 16' de 44 notes et un appel au bourdon 16' 73 notes "commun"
Pour donner une composition
Soubasse 32'
Soubasse 16'
Flûte 16'
Quinte 10'2/3 (flute 16')
Bourdon 8' (Soubasse 16')
Flûte 8'
Flûte 4'
Flûte 2 (les trois de flûte 16')
Bombarde 16'
Trompette 8' (ext 16')
Grand-orgue (I) 61 notes
Bourdon 16' (soubasse)
Bourdon 8' (idem)
Montre 8'
Salicional 8'
Flûte Harmonique 8'
Prestant
Fourniture I rg
Fourniture IV rgs
Cornet V (dessus)
Clarinette en chamade 8'
Résonance(II) 73 notes sur les jeux avec *
Bourdon 16' (soubasse)
Bourdon 8' (idem)
Flûte majeure 8' *
Nazard 5'1/3 *
Flûte 4' *
Tierce 3'1/5 *
Septième 2'2/7 *
Flûte 2' *
Plein-Jeu III *
Trompette 8' (basse venant de la pédale)
Récit expressif (III) 61 notes
Bourdon 16' (soubasse)
Bourdon 8'
Gambe 8'
Voix céleste 8'
Flûte octaviante 4'
Octavin 2'
Basson 16'
Basson-hautbois 8'
Trompette 8'
Trompette en chamade 73 notes commune à tous les claviers
Une composition qui tout en étant très centrée néo-classique n'en est pas moins intéressante sur le papier. Beaucoup moins dans la réalité, car l'église est toute petite, l'harmonie réalisée comme d'Artagnan (ce n'est pas mal fait mais je l'aurais réalisée bien différente) écrase les premiers rangs de pélerins.
Toute nuance ppp n'est pas possible. Les tuyaux, coupés au ton pour la plupart se livrent une méchante guerre et ne se marient pas. Je le regrette, mais une majorité d'utilisateurs s'en satisfait.
La clarinette en chamade est un non sens artistique certain, autant que si on avait installé un Stentor-bourdon... Cherchez l'erreur.
L'ensemble fonctionne à peu près bien, il y a quelques problèmes d'enchapage, mais ils sont insolubles sans reconstruire tous les sommiers (réalisés "en cuvette" et rectifiés dès le montage....)
Alors pourquoi vouloir le modifier?