Humeur et orgue (et vice versa)

J'ai joué ce soir sur mon machin sans tuyaux pour la première fois depuis près d'une quinzaine de jours.   

Je m'étais abstenu de le faire pour de multiples raisons : fatigue, tensions liées à une succession de problèmes, manque de moral, manque de temps... Me connaissant bien, je subodorais que mon massacre habituellement quotidien de pages tirées l'oeuvre de Bach, Händel ou consorts ne pourrait que m'énerver davantage : il me faut un minimum de sérénité pour bien me concentrer et permettre de passer les moments difficiles...   

Bref, je parlais plus d'orgue sur les forums que je n'en jouais...   

Autant dire que j'appréhendais le moment où je me suis assis sur le banc ce soir. Contrairement à ce que j'imaginais, cela m'a incroyablement détendu. Pas mal d'erreurs (enfin plus que d'habitude), mais au final un tel plaisir de toucher les notes plaquées de bois, un tel bonheur d'écouter le son des tuyau virtuels, que d'un seul coup je me suis senti beaucoup mieux.   

C'est curieux comme la musique amplifie dans le bon sens ou dans le mauvais son propre état d'esprit. En tout cas, en ce qui me concerne, c'est flagrant.

Qu'en est-il pour vous ?   

L'orgue est un instrument de musique, c'est à dire littéralement un outils pour produire de la musique.

L'outils n'est pas une fin en soi, c'est traditionnellement, dans la conception compagnonnique, le prolongement de la main et du cerveau.
Nos émotions sont donc en prise directe avec notre interprétation.

A titre personnel, je me détache de plus en plus de l'orgue comme objet ou comme fin : ce qui compte le plus c'est ce que nous en faisons et ce que nous exprimons. Il m'est arrivé de bien jouer ou d'improviser en touchant l'auditoire, même sur l'orgue électronique le plus pourri de la paroisse. Il est vrai que sur un bel orgue à tuyaux, je me sent comme porté par l'instrument. Là cela fonctionne dans le sens inverse : l'instrument nous procure une émotion qui rejailli via notre jeu.

Il ne faut pas s'étonner que la musique que nous jouons reflète notre vie intérieure, c'est pour moi la finalité de notre art.

Bonjour

J'ai deux classeurs. Le premier contient des pièces simples qui me plaisent, mais qui sont en dessous de mon niveau.
Je pioche dedans quand j'ai peu de temps, ou quand je suis fatigué. ça évite d'être démoralisé à la fin de la séance.
Le second classeur contient des pièces qui demandent plus de temps, que je ne peux pas jouer sans entraînement.
Pas question donc de les jouer à froid, ça ne pourrait que miner le moral ...

Mais avant de parler de morceau, c'est vrai que le son est le point de départ du plaisir et de la détente.
(J'avais viré mon vieux Johannus, ne supportant plus le son stérile et synthétique de ce bousin.)
Un seul jeu de flûte 8 ( réel ou virtuel) peut déjà m'apporter beaucoup de réconfort.