Décès de Jean Guillou

https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/01/27/l-organiste-de-renommee-internationale-jean-guillou-est-mort_5415284_3246.html

Toute une génération est maintenant passée dans l'Histoire...

Paix à son âme.

Oh merde

Eh oui.

Il n'y croyait pas et avait planifié des concerts jusqu'en 2020.

Paix à lui, il a joué jusqu'au bout et c'est pas donné à tout le monde.

Ce qui troue c'est quand même le silence glacial.
Quand on voit qu'on nous emmerde encore un an après le trépas de l'idole des jeunes...

dura fama, sed fama

Silence logique. JG n'a jamais été quelqu'un de très abordable, sachant dérider l'atmosphère comme le faisait Cochereau ou plus près de nous Pincemaille. Il y avait toujours une certaine distance, souvent renforcée par Jacqueline qui veillait...
J'ai rencontré JG de nombreuses fois, de même que sa nièce pianiste au CRR de Dijon (la fille de sa sœur) Il y avait un rift entre les deux, l'une est sympa, l'autre était guindé.

En supplément, JG n'a jamais été professeur en France. Il l'a été en Allemagne (Berlin), en Espagne et en Suisse (Zürich).

Ceci explique cela.

Ensuite, tous les organistes qu'il a fait jouer à St Eustache et qu'il a virés avec fracas ne vont pas s'épancher en bon souvenirs. Ou alors c'est que ce sont des faux-culs.

Oh bah, des stars avec le melon coufle comme une citrouille, altières et imbuvables, on en a connu plein d'autres et ça n'a pas empêché l'hommage quand il a fallu le faire.
Il eût été le saxophoniste attitré de Johnny qu'on aurait eu droit à une page au JT.

M'enfin seuls certains le pleureront.  

Il avait certes la réputation d'un caractère plutôt anguleux...

Dommage qu'il n'ait pas pu mener à bien son projet d'orgue "progressif". J'étais vraiment curieux de voir (ou plutôt d'entendre) ce que cela pourrait donner...

Citation :

projet d'orgue progressif

wot ?
was ist das ? mais qu'est-ce ? but whatizit ?

darinze a écrit:

Citation :

projet d'orgue progressif

wot ?
was ist das ? mais qu'est-ce ? but whatizit ?

Désolé, je parlais de mémoire (comme trop souvent), mais là je n'avais plus son livre pour en parler davantage.

Je voulais en fait parler de l'orgue à structure variable:

https://www.orgue-en-france.org/projet-orgue-a-structure-variable-osv-jean-guillou/

Curieusement ce projet ne reprend pas une autre idée que j'avais plus en tête qui était une alimentation en vent réellement progressive (pression variable envoyée dans les tuyaux) dont il parle aussi pas mal dans son ouvrage.

Le serpent de mer de "l'orgue à structure variable" selon JG est un projet mort, bien avant qu'il soit né.

Si l'idée est un peu séduisante (un orgue qui voyage partout), ce n'est en rien une invention récente et encore moins novatrice. Les orgues Limonaires, Mortier ou autres Gavioli (ils furent légion) étaient des orgues modulaires et transportables, qui ont poussé la facture d'orgue au sommet de la technicité.

Il suffit de se glisser dans le ventre d'un de ces instruments pour découvrir combien il a fallu ruser pour sonoriser un manège de train fantôme ou de montagnes russes, quand ce n'était pas une salle de bal.

Donc une idée déjà âgée d'un bon siècle. Rajoutez-en les limites de l'orgue classique à tuyaux, pressions de l'ordre de 100mm, tuyaux aux géométries conventionnelles… Et vous comprendrez aisément que la bestiole ne sera pas audible au delà de quelques mètres en atmosphère calme. Ne comptez pas jouer à un arrêt de bus de la RATP, c'est déjà foutu. Un Gavioli tourne avec 400 à 500 mm de pression, avec des tuyaux conçus pour donner un maximum de décibels, équipés d'un tas de dispositifs annexes et systématiquement doublés dans les dessus (2 unissons qui se tournent le dos)

Les idées techniques de l'OSV, JG les a puisées chez Jean Dunand, avec lequel il a beaucoup devisé et dont il a fait le premier volume de son livre. Ce livre est d'ailleurs illustré principalement de croquis et plans de Dunand ( C'est Godel qui dessinait). Les déboires de Saint Eustache ont conduit Dunand à la disgrâce, autant par aveuglement personnel que par ses compétences techniques souvent limitées. Dans les versions suivantes de son livre, JG évitera soigneusement de parler du "facteur lyonnais" qu'il avait pourtant admiré.

La pression variable, une idée de Dunand reposait sur une idée que l'on peut souffler plus ou moins fort dans un tuyau pour en faire varier le son. Hélas, un orgue n'est pas un harmonium, et ce qui réussit au second fait que le premier devient déraisonnablement faux de près d'un demi ton… Dommage… Pourtant la majorité des FO le sait, puisque c'est une manière de rattraper un tuyau de mixture mal taillé au milieu des autres.


Sous une grande impulsion artistique, est apparue une association désirant rendre ce projet bien réel. Pour cela, on prévoit 4 millions d'€ (excusez du peu, c'est autant que la Maison de la Radio et La Villette réunis) et surtout on demande à une manufacture allemande (Klais), surtout pas à des français. JG a toujours procédé ainsi, il a soigneusement évité les FO de France, même pour de petits orgues comme Huez (orgue particulièrement mal foutu s'il en est). Donc inutile de dire que plus personne ne s'est intéressé à son machin…

Alors c'est une perte l'absence de cet orgue? Non! Demandez à Cameron Carpenter, il a trouvé la solution, lui et elle tourne plutôt bien.

darinze a écrit:

Oh bah, des stars avec le melon coufle comme une citrouille, altières et imbuvables, on en a connu plein d'autres et ça n'a pas empêché l'hommage quand il a fallu le faire.
Il eût été le saxophoniste attitré de Johnny qu'on aurait eu droit à une page au JT.

M'enfin seuls certains le pleureront.  

https://www.francemusique.fr/emissions/classic-club/la-vraie-vie-de-vinteuil-jerome-bastianelli-et-pauline-girard-68688

Bonjour,

Voilà un des derniers disciplines de Marcel DUPRE qui s'en est allé...
Il était venu en 2007 / 2008 inaugurer le Grand Orgue Danion-Gonzalez 1967 / Dargassies 1991 / Klais 2008 de ND de la TREILLE à LILLE.
Je ne me lasse pas d'entendre ses interprétations de l'Andante du Concerto n°1 d'Haendel avec le formidable jeu au pédalier dont il faisait preuve.
Pour ceux qui ne connaissent pas :

Qu'est-ce que je kiffe cette interprétation bon sang.
La basse de pédalier est démentielle sur le 3me mouvement... mais alors, cette fin avec les sextolets - ou jsé pas ce qu'il plante rythmiquement ( parce que la partition est en 6/8 ) - est excellente.
J'en ai écouté d'autres versions, tant au niveau du son que du jeu elles restent bien en deçà.

Je vais briser un peu le mythe.
Outre le fait que JG joue l'andante à la vitesse d'un allegro moderato (on suppose que son train était à quai...) je me suis posé la question de savoir ce qu'il a fait tout à la fin. J'ai donc écouté une autre version que voici. Ben en fait, à la fin il s'est planté carrément le brave Jean, ses clusters à la main droite ne sont pas écrits.



https://youtu.be/v1n3Z3oa8sI

Ah mais tu ne brises rien du tout mon cher Richaud.
Je m'extasie sur cette version par JG parce qu'il m'a fait découvrir cette pièce, et de toutes celles que j'ai écoutées, je trouve que c'est la plus vivante, la plus enlevée. Oui JG la joue plus vite que les autres (j'ai écouté une version de Karl Richter avec orchestre, j'ai failli m'endormir) et en effet ce truc qu'il plante à la fin est de lui. Je ne trouve pas qu'il se loupe, et j'ai toujours vu ça comme son interprétation perso, à la Guillou...

Bref : l'égoût et les coûts leurres.