TOURNEMIRE Charles (1870-1939)
Compositeur moins souvent évoqué que nombre de ses contemporains comme Franck, Widor, Vierne et consort. Pourtant, son catalogue de compositions est riche: un corpus d'oeuvres d'orgue assez impressionnant (L'orgue mystique, 7 poèmes-chorals...), 8 symphonies pour orchestre, 12 préludes-poèmes pour piano, pour ne citer ici que ses oeuvres les plus connues du moins sur le papier.
Né en 1870 à Bordeaux, Tournemire est un personnage des plus excentriques: élève de Franck qu'il vénérait, mystique jusqu'au fanatisme ("Toute musique ou Dieu est absent est inutile; ça rappelle dans un autre genre Pierre Boulez "Tout musicien qui n'aura pas ressenti la nécessité du langage dodécaphonique est inutile"), atrabilaire et misanthrope, égocentrique et narcissique (Vierne, autre musicien à la personnalité rugueuse et doté d'un solide sens de l'humour l'appelait "Tourne-toi que je te mire"!), haïssant ses contemporains parfois jusqu'à la bêtise - Widor particulièrement qu'il vomissait (A son corps défendant, il n'est pas impossible que les 2 dernières symphonies de Widor d'inspiration plus modale aient toutefois influencé Tournemire) - et surtout ceux qui ne jouaient pas ses oeuvres!
Il a laissé une oeuvre d'orgue d'un raffinement harmonique de premier ordre. Son langage, résolument modal et inspiré du chant grégorien, en constitue la trame. On n'oublie pas surtout ses 5 extraordinaires improvisations à la console de Sainte-Clotilde, peut-être parmi les plus belles jamais entendues et fort heureusement enregistrées et couchées sur la papier par Maurice Duruflé.
Pourtant, peut-être à cause de son caractère impossible et aussi à cause justement de son langage considéré comme austère, ses oeuvres n'ont pas eu le retentissement qu'elles auraient mérité. Nombre d'organistes eux-mêmes raillaient un peu méchamment les fameuses "guirlandes alleluchiatiques" qui émaillent son Orgue mystique. Un article dans Télérama dans les années 90 faisait l'éloge d'une oeuvre symphonique pour orchestre - certes pas inintéressante - au détriment de l'oeuvre pour orgue jugée vaine et ampoulée! (Bon, aussi, parfois les critiques de Télérama...).
Il ne faut pas oublier non plus l'influence qu'a pu avoir Tournemire sur Messiaen, Langlais et d'autres.
Les intégrales de son oeuvre d'orgue ne sont pas très nombreuses. A cet égard, on ne remerciera jamais assez Georges Delvallée pour nous avoir restitué au disque ce monument, ayant inlassablement oeuvré pour la notoriété de ce compositeur dans ce qui semble être une version de référence. Certes, on peut reprocher à l'Orgue mystique de contenir aussi des pièces d'un intérêt parfois inégal; mais, il en va ainsi de tout corpus destiné à soutenir tous les moments de l'année liturgique. Bach lui-même n'a pas laissé que des chefs-d'oeuvre où des pièces d'un intérêt plus secondaire cotôient les plus belles compositions.
Tournemire est décédé mystérieusement en 1939 et ce mystère n'a toujours pas été éclairci aujourd'hui: il a été retrouvé mort noyé dans un parc à huîtres dans le bassin d'Arcachon où il avait passé les dernières années de sa vie (A Arcachon, pas dans le parc à huîtres
). Ce que l'on sait, c'est qu'il était dépressif à cause de graves problèmes de santé et aussi par l'horreur inspirée par Hitler et les menaces de guerre à venir en Europe.
Pour en savoir plus sur le bonhomme, un lien wiki:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Tournemire
Lire aussi ces étonnantes mémoires de Tournemire et qui permettent mieux de mieux cerner sa personnalité et ses éclats de colère dans un langage parfois fleuri.
http://ml-langlais.com › Tournemire_files › Eclats d...
PDF
Et aussi:
http://www.musimem.com/recherches.html
Je mettrai plus tard des liens youtube