Véritable orgue vs orgue virtuel

Salut,

Si vous vous êtes déjà demandé la différence qu'il y peut y avoir entre un vrai orgue et un orgue virtuel, vous pouvez vous faire une idée sur ce comparatif réalisé sur le même instrument, dans les mêmes conditions :

En fait, le problème est mal posé. Un orgue c'est un instrument acoustique, c'est à dire qu'il interagit avec son environnement. On doit alors se déplacer dans cet endroit pour entendre l'instrument.

Si on écoute un enregistrement d'orgue, on écoute déjà une copie numérique de l'orgue et de son local à un moment donné.

Maintenant, si on enregistre les sons un à un d'un orgue (toujours dans son local) et qu'après on s'arrange avec un logiciel pour recréer "la mécanique" de l'orgue, on obtient, de plus en plus au fur et à mesure des perfectionnements de l'informatique exactement la même chose que l'orgue enregistré dans son local.

La différence n'est donc pas sonore, puisque dans les deux cas c'est une restitution réduite à quelques sources numériques dans un autre local, qui y rajoute son acoustique. La différence est uniquement sur les performances de la mécanique, que justement on entend pas. On a ainsi Saint Etienne de Caen avec des claviers de 61 notes, d'éventuels accouplements d'octave qui n'existent pas sur l'orgue réel, voire un 32' d'anche et une traction électrique...

Dans tous les cas, on est bien loin de l'orgue réel. Marshall & Ogletree ont réalisé des instruments numériques hyper sophistiqués, avec plus d'une centaine de canaux de sons et des centaines de haut-parleurs. Le résultat est surprenant mais on arrive quasiment au prix d'un orgue à tuyaux...

C'est sûr qu'il faudrait comparer un orgue in situ avec le même orgue virtuel in situ. Malheureusement pas possible via ce forum

Certes on se rapproche de l'enregistrement du vrai orgue et un amateur s'y perdrait à reconnaitre le vrai sur certains extraits mais pour un professionnel, le compte n'y ait pas : je ne suis pas d'accord à dire qu'on "obtient exactement la même chose que l'orgue enregistré dans son local".
Il est intéressant de comparer les deux version (qui ont été enregistrés dans les mêmes conditions) car en écoutant attentivement les deux versions on s'aperçoit que l'orgue numérique est faux (alors que toutes les notes ont été réajustées à 440Hz) et les attaques ont été gommées. Comme le disait un copain harmoniste, sur un vrai orgue les tuyaux s'entrainent pour la justesse, ce qui n'est pas possible en électronique.

Oui, tout à fait, tous les tuyaux interagissent entre eux, et encore plus pour les orgues romantiques ou symphonique (tuyaux pavillonnés à cette intention). Rajoutez à cela l'influence du local sur les tuyaux et nous sommes d'accord, on ne peut pas l'imiter.

Après, la justesse à l'audition ne me gène pas plus que ça, habitant dans une région où on chauffe les églises de Novembre à Avril, jouer avec un orgue céleste devient une habitude, sachant que l'accord va être différent à chaque intervention de l'orgue puisque la température change de minute en minute.

Le coup des attaques (pour un instrument comme celui-là) c'est extrêmement variable puisqu'on est sur des sommiers à registres, donc l'alimentation en vent sera fonction de la registration. Un seul jeu: attaques d'enfer, cinq ou six jeux ensemble et les attaques sont parties. Ce phénomène qui n'existe pas sur les sommiers à membranes ou à électros oblige justement les harmonistes à atténuer les attaques, ce qui a été fait sur les échantillons numériques. C'est un pis-aller pour que l'orgue reste entendable.

N'y a-t-il pas également, dans la solution numérique, un manque, inhérent au principe même de la modélisation?
A savoir que l'onde acoustique d'un accord, mettons do+mi+sol, n'est pas la "simple addition" des formes d'onde des 3 notes do, mi et sol qui le composent. Mais qu'il y a bien quelque chose en plus qu'aujourd'hui les modélisations informatiques ne savent pas rendre.

C'est pareil pour un piano. C'est ce qu'on appelle globalement la sympathie. N'est-ce pas Aristide Cavaillé Coll lui-même qui avait cette phrase: le jeu le plus important de mon orgue, c'est l'église qu'il y a autour de lui...

Il n'empêche. Depuis l'aube des années 2000, depuis l'avénement de Martin Dyle et de son HauptWerk, depuis Sainte-Anne à Moseley qui fut et restera à vie le tout premier orgue numérisé et jouable de l'histoire, presque 50 ans de jeux "Pipe Organ" et autres "Real Acoustic Church Reed Celest Organ" de synthés pour la maison ont pris, non pas un coup de vieux, mais carrément un coup de pied au cul, format gigantesque.

Le coup de pied au derche a été rapidement contourné, tous les instruments maintenant fonctionnent avec le système de numérisation en échantillons longs. Ce qui est délicat, c'est que l'on s'impose l'acoustique de l'église où le tuyau a été numérisé. Quand on joue chez soi, c'est parfait on a pas besoin d'une réverb (que j'ai sur mon Allen qui fonctionne en DDS avec des tuyaux enregistrés en chambre sourde, donc sans local) mais ce système est difficilement transposable dans une église, puisqu'on superpose alors deux acoustiques... C'est comme écouter un cd d'orgue dans une église pendant un enterrement...

Tant que les haut parleurs, ceux en forme de fusible là, crachotent comme il se doit, on risque rien