Bonjour à tous !
C’est un exercice délicat de se présenter, car il faut parler de soi. Je vais essayer d'en dire le plus possible (je débuterai et je finirai en faisant un parallèle avec la moto...)
Je fus jadis motard. Je côtoyais alors des gens extraordinairement doués qui chevauchaient des machines puissantes, et même des bêtes de compétition. C’étaient des virtuoses du deux-roues qui tiraient des étincelles de leur béquille à chaque virée. Je faisais alors piètre figure avec ma routière tranquille ; mais jamais, jamais je n’eus à souffrir d’aucun ostracisme, car je fus toujours accueilli et considéré, et ce, fraternellement...
Je suis de retour dans le midi, après avoir vécu plus de trente ans à Paris ; j’y ai assisté à bien des concerts, dont certains m’ont laissé d’ineffaçables souvenirs ; mais, pour être auditeur plus qu'interprète (je n'ai aucune formation, je suis autodidacte), je n'ai pas la capacité de dissection (la compétence) que nombre d'entre vous avez pour analyser finement un instrument ; mon écoute est plus intuitive et affective : je suis généralement bon public, car je nourris pour l’instrument qui nous est cher une grande dilection.
Sur un plan purement philosophique, je tiens pour très coupable qui dénigre un instrument de musique, quel qu'il soit... Je ne suis pas en accord avec ceux qui se drapent dans la toge de la tradition (Ravel avait des mots très durs pour eux), et je fuis l'esprit de chapelle...
J’ai maintenu quelques années un site qui s’intitulait « Les noms des jeux de l’orgue à travers les pays », mais je me suis fait piller mes photographies.
Un peu de ce que j'aime, en vrac : l'école française depuis Franck jusqu'à Dupré (j'ai connu un temps où c'était mal vu d'aimer Dupré : ô misère !), St-Étienne-du-Mont à Paris, St-Vincent à Carcassonne, Mendelssohn, Ste-Cécile à Albi, les chorals de Brahms, St-Sernin à Toulouse, les instruments domestiques numériques (que j'appelle, par humour, instruments « digitaux »), Liszt et, pour finir, un monde où l'on se dirait « tu »...
Ce que je n'aime pas, en vrac : le tremblant, rien qu'un huit pieds à la pédale, les duos genre orgue et flute ou orgue et harpe, les unions tératogènes comme les orgues numériques avec de faux tuyaux ou les orgues à tuyaux avec des jeux numériques, BWV622 et, pour finir, les gens qui détiennent la vérité...
Ce que j'aime, et que je ne devrais peut-être pas avouer : Lefébure-Wély (si, si...), le répertoire espagnol sur des orgues espagnols s'il y a des chamades (nous avons tous nos « folies »...), la contre-bombarde et les 32' en général, les gros binious au nombre de jeux indécent, les variations farfelues jouées sur lesdits instruments (Ives par exemple)...
Pour des raisons que je n'ai pas à évoquer ici, je me tiens très loin de l’église catholique, apostolique et romaine. Je pense que cette institution entraîne dans le maelström de son inéluctable désaffection tous ceux qui l'ont servi. Aussi, je souhaiterais que, très rapidement, l’on ne construisît d’orgue neuf que dans des salles de concert, pour donner des concerts sans contraintes, afin qu’il devînt vraiment ce qui constitue l’intitulé de ce forum : l’orgue libre (certes, je commets ici une faute inexcusable en formulant un vœu « pieu »).
Pour surenchérir, je déplore que, dans notre pays, et contrairement aux U.S.A. par exemple, l’on ne puisse pas (et l’on ne sache pas) attirer, amuser et passionner les foules avec cet instrument fantastique qui s’y prête pourtant à merveille, et que l’on demeure encore et toujours entravé par une rigidité tout ecclésiastique et une sévérité intellectuelle et élitiste typiquement française, dont, à mon avis, on paie très cher les errements. Même si je réserve mon jugement sur leur jeu, jamais je ne critiquerai un Virgil Fox (en son temps) ou un Carlo Curley, ou un Cameron Carpenter (de nos jours) qui, grâces à leurs extravagances, voire leurs pitreries plus étudiées qu’on ne le saurait croire, auront su créer un évènement à chaque prestation, et promu activement l’orgue pour aujourd'hui et, surtout, pour demain...
J’adore le clavecin pour son attaque ciselée, sa longue résonance et la tendresse, la poésie qu’il m’évoque (pour le clavecin et le répertoire français). J’ai construit avec cœur une épinette vénitienne ; j’en ai fait don, avant mon déménagement, au CNSM de Paris qui l’utilise alternativement en concert et en présentation ; je pense qu’il faut encourager activement les conservatoires.
J’aime l’humour et même le loufoque puisque j’adore Alphonse Allais. Dans un autre registre, il m’arrive d’avoir la plume écrivaine : je travaille sur mon quatrième livre de science-fiction.
Je possède le plus petit instrument digital qui existe, et qui seul pouvait se faufiler dans l’escalier étroit de mon immeuble parisien (sa console se sépare en deux parties). C’est mon fidèle compagnon depuis douze ans, et, quoi que l’on puisse en penser, je lui porte une certaine affection, car il restitue sans rechigner, avec une constance touchante, toutes les fausses notes que je tape sur ses claviers...
Alors, ô organistes, ne m’en voulez pas si je ne vous suis pas toujours dans vos étourdissantes virées : face à vos « gros cubes », je n’ai qu’une « mobylette », et je ne peux pas prendre de l’angle...