Travailler sur un piano?

Bonjour
J’ai eu l’occasion d’échanger par mail avec une (excellente) organiste après avoir découvert son blog.
Je précise que je ne suis, comme disent certains, qu’un petit « toccatouilleur » amateur.
Un point m’avait paru tout à fait discutable, voire étrange: pour elle, il n’y avait pas d’autre solution que de travailler ses morceaux exclusivement sur un piano; et surtout pas sur un numérium - à l’extrême rigueur sur un clavecin.
A ce qu’il me semble, ça n’est absolument pas logique, pour ne pas dire plus:
- tous les orgues sont différents, mais jamais au grand jamais leur toucher ne ressemble de prés ou de loin à celui d’un orgue. Au moins, les numerium tentent tant bien que mal (et plutôt mal?) de s’approcher du toucher d’un orgue.
- Sur un piano, impossible de travailler sur plusieurs claviers, et de s’habituer au passage de l’un à l’autre.
- Passer d’un piano à une console d’orgue est assez déroutant.
- Sur un piano, impossible se s’initier à l’art difficile de la registration.
- Et impossible d’apprendre à se servir d’un pédalier
.
Donc, pour moi, l’usage exclusif du piano me paraît pour le moins très réducteur, et admissible seulement si on n’a pas d’autre solution.


(Un raisonnement similaire me paraît tout aussi absurde, quand on exige que les élèves commencent impérativement par le piano avant de passer au clavecin. Moi qui suis claveciniste, je peux dire que c’est complètement idiot, le toucher étant trop différent. Et comment faisaient ils au XVIIème siècle?)
L’impression que j’ai, peut-être à tort, est que ce discours participe à cette tendance très répandue dans le milieu de l’orgue à refuser tout procédé moderne.




Voilà, j’aimerais avoir l’avis des vrais organistes, et des autres.

Cordialement à tous

Evidemment, tout dépend du niveau technique du "tocattouilleur". Conseil reccueilli auprès de X. Darasse: chaque oeuvre doit être doigtée de A à Z, de sorte qu'il n' ait aucune zone d'inceritude. Ceci peut s'effectuer sur quasi tout instrument. Une fois l'oeuvre parfaitement sue pour le côté technique, le reste n'est qu'adaptation (passagère?) aux conditions du moment (réverbération, temps de réponse de la mécanique, changements de claviers ou pas etc.)

Vous mettez le travail musical sur l'unique plan de la technique spécifique à l'orgue et à mon sens c'est une chose réductrice. A mon époque (années 70) pour entrer à la classe d'orgue du CNR, il fallait présenter un concours d'entrée qui se faisait sur un piano (ce qui est logique puisqu'on était pas censé pratiquer l'orgue). Tout simplement parce qu'avant d'affronter justement le maniement de l'instrument à tuyaux, il fallait maitriser la lecture des deux lignes (ou même trois) du piano et l'indépendance des deux mains. Ca permettait de mieux se consacrer à la nouveauté du pédalier et du côté technique.
L'entrée ainsi faite dans la classe d'orgue permettait de se consacrer avec l'esprit beaucoup plus libre au pédalier, aux claviers différents, aux tessitures différentes et à la lecture de trois à quatre lignes de partition. Quiconque a pratiqué la méthode Dupré de la première à la dernière page saura de quoi je parle.

Dernièrement une personne venue à l'orgue me posait la traditionnelle question:" Mais comment vous faites pour les pédales?" et ma réponse est toujours la même: "on y prête pas attention, il y a des phrases musicales à y jouer, on les joue, c'est tout. On sait où sont les marches, pas besoin de les surveiller, pas plus qu'on ne surveille ses doigts."

En effet, la pratique du piano est essentielle avant de jouer de l'orgue.
C'est la base.
Changer de clavier est un souci très secondaire, mais la technique du pédalier vient s'ajouter à la technique des doigts, de l'utilisation des mains, de leur indépendance, de l'articulation, etc..., acquise au piano.

Après, en tant qu'amateur, on n'est obligé à rien.

Qu'on continue de travailler sa technique avec des morceaux pour piano sur un piano, pourquoi pas, mais pour la répétition de morceaux pour orgue, par contre, je ne comprends pas qu'on oblige à travailler uniquement sur un piano !
Et surtout, ce n'est pas le piano qui va aider à intégrer les portées de pédale !

Je pense que votre prof veut vous faire travailler votre technique d'articulation en vous obligeant à travailler le piano.

Dans ce cas, il faudrait que vous ayez une discussion franche sur la question avec votre prof, en accord avec vos ambitions musicales en général et organistiques en particulier !

Ce qui m’a gêné dans les propos de cette dame, ou de ce que j’en ai compris, c’est une demande de travail exclusif au piano, avec interdiction de pratiquer sur un numerium.

frpizin a écrit:

...- Passer d’un piano à une console d’orgue est assez déroutant...
- Et impossible d’apprendre à se servir d’un pédalier...

Voilà, j’aimerais avoir l’avis des vrais organistes, et des autres.
...

Et ça vous ne connaissez pas ?
https://www.facebook.com/100008176933138/videos/pcb.2918200338462502/2918199401795929

https://www.lechantdubois.com/r%C3%A9f%C3%A9rences/cr%C3%A9ations/
(en bas de page)

         

Est-ce que ça serait pour travailler la musculature des doigts ?

darinze a écrit:

Est-ce que ça serait pour travailler la musculature des doigts ?

Il n'y a pas de muscles dans les doigts, sauf pour le pouce.
Comme je le disais plus haut, à mon avis c'est pour travailler l'articulation.