Bon, bon, bon, voilà qui est intéressant mais qui pourrait prendre une autre tournure...
Surtout, pas de Clairon ! Ça ne sert déjà à rien sur un orgue plus grand, ici, vous limiteriez trop le répertoire ! Hormis pour couronner un super tutti, il n'y a presque aucune utilisation de ce jeu (oui, je sais, il y a les canti firmi : les baroqueux ne voudront pas jouer sur cet orgue !...)...
Pensez à une Quinte, qui colore merveilleusement les fonds, permet de faire une étape entre les fonds et les anches dans un crescendo, et peut devenir une voix soliste avec un 8' et un 4', même dans la musique ancienne. Ou à une Septième que je trouve bien plus colorée, moins agressive qu'un Larigot et qu'on trouve souvent chez Cavaillé-Coll.
Personnalisez au maximum les fonds : il ne faut pas que ça devienne une pâte mollassonne...
Le Salicional me semble tout aussi inutile et bien peu coloré et doublonne la Gambe... La Flûte harmonique sera formidable et pourra dialoguer avec la Flûte d'orchestre...
Pourquoi virer le plein jeu ? Pourquoi mettre un Prestant qui ne sert qu'à faire chœur pour le plenum et pourquoi virer la Flûte octaviante qui peut être soliste (on peut facilement remplacer des passages de Voix-humaine ou de Céleste, dans Franck ou Vierne, avec une belle Flûte 4' avec tremblant : c'est tout aussi étrange et ça flotte dans l'éther !). Ajoutez le Prestant dans la composition du plein jeu, tirez-le vers le 16' voire le 32', ça donnera du corps à cet instrument et le fera sonner comme un grand... Vous libèrerez une place sur le sommier pour un autre jeu, la Quinte voire une Sesquialtera. Et virer le 4' du Récit est assez dangereux aussi : hormis le hautbois, il n'y a aucune voix soliste et ce clavier se cantonnera à de l'accompagnement du Grand orgue -où il y a bien peu de couleurs... Il y a beaucoup d'œuvres romantiques qui réclament deux Flûtes 8' et 4' (l'Impromptu de Vierne et ses arabesques...)
Pensez aussi à un octavin 2', lumineux et lointain à la fois, sublime avec un tremblant et une boîte expressive efficace...
Gardez-vous sous pour acheter une anche de 16' au pédalier ou une clarinette chaleureuse...
Plus votre orgue aura de couleurs différente, plus vous aurez le plaisir de le redécouvrir avec chaque organiste qui mélangera les timbres de façon renouvelées.
Ayez confiance en les organistes et donnez leur le plus large éventail de sonorités pour illustrer toutes les musiques !
Et surtout, prenez conscience que cet orgue, déjà sauvé du mépris valentinois, sauf celui de notre ami Michel qui l'a sauvé de la ferraille, a une histoire et que, si elle n'est pas aussi glorieuse que Saint-Sulpice ou Notre-Dame, témoigne d'une sédimentation historique, du passage du temps et de travail de facteurs différents... Revenir à un état antérieur a toujours eu pour moi, malgré la violence du terme historiquement connoté dont je m'excuse par avance, une valeur "négationiste" du passé, de l'histoire, de la vie, des menues broutilles qu'a vécu cet orgue.
Vous l'avez adopté, vous prenez son passé avec vous et vous le nourrissez de ce que vous imaginez de neuf pour lui, qui témoigne du début du XXIème siècle...
C'est là un projet immensément passionnant, exaltant, vivifiant et merveilleux, parce qu'il s'adresse au plus grand nombre et pas à l'élite de quelques spécialistes... Et aussi parce qu'elle offre aux artistes les moyens le plus larges pour qu'ils s'expriment ! C'est un but superbe qu'il ne faut pas laisser passer !
Je vous adresse mes compliments pour avoir "récupéré" ce bon vieux Mader auquel tenait tant Michel. Prenez en soin et portez le vers l'avenir !