Ouah !
Un forum des minots de l'orgue ! Ça flanque un coup dans la calebasse !
C'est d'une fraîcheur ! Je cite : "c'est quel genre de musique, les Litanies ?"... Délicieux !
T'inquiète, jeune, c'est de la superbe musique ! C'est foudroyant ! C'est de la jeunesse en tube !
C'est de la vitalité éternelle, comme son auteur enfui trop vite !
C'est la première musique d'orgue que j'ai écoutée sérieusement, attentivement !
Je ne connaissais même pas le père Bach, grand papa Buxtehude et tonton Vierne, encore moins GrandGuillou...
Lequel GrandGuillou est venu tout de suite après Jehan parce que les seuls disques qui m'intéressaient chez Chiron, l'unique disquaire de Romans, c'était la musique contemporaine : mon snobisme me portait vers les disques de DG de Ligeti, celui de Florentz ("Laudes" et le "Magnificat" découverts dès que le disque est sorti), puis Messiaen qui m'impressionnait beaucoup.
Puis, tout en écoutant des brassées de musique contemporaine, je suis descendu dans l'histoire : Ravel m'a occupé longtemps, Poulenc m'a séduit tout de suite (j'adorais "Sécheresses"), Honnegger aussi. Donc aussi GranGuillou parce qu'il y avait le disque DORIAN d'improvisations qui m'a atomisé sur place, fragmenté la tête tout de suite et emballé au point de devenir monomaniaque. Et grâce au véhicule GranGuilloussien, j'ai rencontré Bach et Schumann et Liszt. Puis Vierne par Latry que je trouvais très "parisien" (donc, j'ai fondu).
Et puis maintenant, je pleure avec la mort d'Isolde, j'ai les poils au garde-à-vous avec les "Gurrelieder" ou la "Symphonie lyrique" de Zemlinsky, j'ai des envies de m'agiter avec Janacek... Comme quoi, tout arrive (sauf les baroqueries de tout poil qui ne m'en agitent encore aucun -la "Passion selon St-Matthieu", je l'ai dans la version Pears-Schwarzkopf-Guedda-Klemperer !... Indécrottable !
Alors, voilà, gamin (je peux me permettre, j'ai 20 ans de plus que toi, au moins...) : jette-toi dans "Litanies", travaille ça tranquilement, main gauche + pédale, puis main droite + pédale, tout doucement, articule à fond, staccatissimo molto secco, ne t'effraie pas des deux cascades d'accords dans la main gauche des deux dernières pages (Marie-Claire n'y est jamais arrivée, tout le monde le sait). Et éclate-toi !
Attaque aussi le reste du grand Jehan : le "Postlude pour l'office de complies", merveilleusement doux avec son bourdon sommeillant à la main gauche, le délicat "Climat", les fines "Variations sur un thème de Clément Janequin", l'irréel "Jardin suspendu"... C'est vite fini (il y a peu de pièces) mais c'est inépuisable !
Hyp'
(Michel, tu pourrais faire un thème : votre découverte de l'orgue et les premières émotions organistiques)