Ce matin, Vincent Crosnier m'a fait grâce de belles étrennes en me passant le lien vers ceci :
https://www.youtube.com/watch?v=eOXWO80UJvI&feature=youtu.be
Il s'agit d'une gigantesque improvisation de 25 minutes, par Jean Guillou sur l'ancien orgue de Saint-Eustache, destinée au film "Congo-Safari" de Marcel Isy-Schwart, enregistrée sur un disque noir en 1970 ou 1972.
Le réalisateur semble avoir été un "personnage" comme les aime Guillou (ami intime de Julien Gracq, Rudolf Noureev, Raymond Mason, Dominique Fernandez, collaborant avec Marcel Marceau, François Cheng ...).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Isy-Schwart
Ecoutez cette imporvisation tellement représentative du langage du musicien dans les années 1970.
Vous y trouverez la plus superbe réponse à une remarque récente d'un contributeur qui se demandait si les perfectionnements électriques ou électroniques des grands instruments (combinateur, crescendo...) influencent la musique des improvisateurs... Ben ouais ! Et de quelle façon Guillou tire toutes les possibilités de cet orgue et laisse parler sa pensée qui trouve les moyens de son expression, justement dans ces perfectionnements. Dans cet enregistrement, instrument, technique et facture, musicien se combinent (bien que Guillou ait, plus tard, conçu des instruments littéralement en symbiose avec sa pensée d'interprète et son langage de compositeur) dans une adéquation qu'on a déjà saluée au XVIIème avec Cliquot/Couperin, au XIXème avec Franck/Cavaillé-Coll (pour ne citer qu'eux)...
Je vous garantis un spectacle en Technicolor et en Cinémascope ! Ça commence par une éruption du Kilimandjaro, ça traverse de multiples peuplades, des espaces vierges, ça croise des danses rituelles, ça connaît des peurs et des prélâssements, ça bouillonne, ça danse jusqu'à la transe et ça finit sur un accord tellement "Messiaen" !
Bonne année !